Welcome in India: Bangkok - Calcutta, le choc tant attendu et indescriptible!

18.01.2013
Nous embarquons à 1h30 après avoir jouer les piques-assiettes des spécialités thaïlandaises à l'aéroport... Petit sommeil de 1h dans l'avion, nous ne calculons ni le décollage, ni l'arrivage... Au reveil, c'est bien dur de garder les yeux ouverts et l'esprit agile... Nous rencontrons une française de 50 ans, fan de l'Inde, avec qui nous partageons un peu ses expériences. Nous en profitons pour prendre en photo une carte de la ville sur son guide, car nous n'en avons encore aucun. Et nous voilà à 4h30 à Calcutta, parachutés dans la brume, en train de chercher un bus pour rallier le centre ville. C'est un peu comme un naufrage de bateau en mer houleuse, lorsque l'on ne sait pas nager et que la bouée de sauvetage n'existe pas...
Un Indien nous explique où trouver un bus. C'est bête mais nous ne savons pas s'il existe des arrêts fixes, ou s'il nous suffit d'en siffler un pour qu'il s'arrête. Alors nous nous postons à un croisement, et attendons gentiment une action, une information... Qui fusent de tous côtés, mais assez contradictoires. Malgré l'heure matinale, les camions et les taxis filent sur les routes, nous arrivons enfin à trouver un bus. Un côté est réservé aux hommes, l'autre aux femmes. Mais la populace masculine est beaucoup plus présente et ils s'entassent comme des lapins. Nous recherchons ensuite une chambre dans notre budget. Il est trop tôt, de nombreuses guesthouses sont fermées et celles qui sont ouvertes sont déjà pleines. Les bâtiments sont totalement délabrés. Nous rentrons dans un centre de désintoxication, où se trouve des chambres au second étage, et en ressortons bien vite tant le lieu sent la misère humaine. Les indiens nous indiquent toutes sortes d'adresses, et nous continuons notre procession accompagnés de plusieurs hommes. 2h plus tard nous trouvons notre bonheur, et posons nos bagages dans un lieu bien décrépi.
Les rues sont encore assez calmes. C'est la première fois de notre vie que nous voyons autant de SDF, qui dorment sous des bâches sur un carton et tout autant de détritus. La ville est une poubelle géante, nos décharges en Europe sont sûrement beaucoup plus propres que les rues jonchées de déchets de toutes sortes (et de loin...). L'odeur est très très forte. Celle la plus prenante: les crottes de chiens, de pigeons/corbeaux (des bêtes terrifiantes), de poules, de chevaux et d'humains... On entre en apnée plus d'une fois!
La pauvreté se fait sentir de tous côtés, la ville est en friche, comme après une guerre. Tôt le matin, les hommes pompent l'eau dans la rue et se lavent sur le trottoir.
Nos esprits sont troublés par la fatigue. Nous ressortons pour déjeuner avec les locaux sur un banc, boire un thé sucré et laiteux, accompagné de tartines grillées sur un barbecue avec un curry jaune aux pois chiches, courges, et lentilles jaunes (?). Nous faisons connaissance avec un anglais de 60 ans, un peu perché mais fort sympathique, avec qui nous partageons notre repas. Nous souhaitons encore récupérer un guide de l'Inde, que Laure a repéré plus tôt dans une auberge. Affaire accomplie, ça sera plus simple pour se repérer dans le pays! Et nous sommes très heureux d'avoir économiser ainsi 30€ chez LonelyPlanet companie... Un guide du routard, une première pour nous.
L'excitation est vraiment intense, la ville commence à se réveiller, mais le sommeil prend le dessus et nous arrivons à fermer les yeux pour 2h, dans notre chambre sans vitre à l'odeur très particulière, la senteur indienne indescriptible... Notre réveil est bercé par la prière musulmane du vendredi qui sort des hauts-parleurs de la rue. La mosquée ne peut contenir tous les fidèles et c'est dans la rue que se trouve la majorité d'entre eux. A la fin, Un défilé d'hommes passe sous nos yeux. L'envie de découverte est trop forte, nous parcourons les rues l'après-midi entier dans la porcherie. Entre crachats et déchets, les hommes cuisinent des merveilles, nos papilles s'en réjouissent, à voir plus tard avec nos estomacs... Des galettes de pain avec un curry nous ouvrent l'appétit, nous enchaînons avec un jus de mandarines vertes, puis du jus de canne, entrecoupée de mini-doses de thé servies dans des verres en terracotta. Surement le meilleur depuis le début du trip, et c'est pas peu dire vu la qualité du thé en Mongolie, Chine et au Vietnam....
Nous nous laissons porter par l'ambiance indescriptible et sommes ballotés entre fascination et répulsion... La densité est la plus forte du pays, comme en témoignent les quartiers traversés ce matin, où un à deux millions de personnes dorment dans la rue, c'est comme un gigantesque dortoir! Les hommes portent couramment la moustache, les femmes portent des tissus de toute beauté avec leurs taches sur le front.
Nous investissons dans un film transparent pour empêcher la vitre de l'Ipad de se fendre encore plus. Les stands informatiques sont miniatures et bondés d'hommes. Le travail de collage est minutieux. Devant les stands de cigarettes se trouve une corde qui brûle continuellement, telle une mèche qui sert à allumer les clopes pour ceux qui n'ont pas de feu.
Puis nous nous rendons dans un bureau pour réserver nos billets de train. Alors que Laure écoute attentivement les explications du charmant guichetiers, un rat lui passe entre les jambes et grimpe sur les pieds de Yoann. Normal pour eux, un peu moins pour nous...
Nous passons devant l'église saint John, une mosquée, une synagogue, puis la cour supérieure (premier bâtiment qui parait actuel et rénové!) où nous croisons de nombreux avocats en robe, le stade en friche, des marchés où l'activité est dense, les gares routières où la gadoue et les montagnes d'ordures nous déroutent... Le long de la rivière Hoogly (un bras du Gange) où les déchets filent lentement, les hommes nettoient leurs linges dans l'eau marron, certains se baignent en portant des statues pour les bénir, d'autres en boient l'eau (nous ne tenterons rien de tout ça) et regardons (avec épouvante, si l'on peut dire) ce spectacle.
Laure est contente d'être 'chaperonner' par Yoann car le regard insistant des hommes est lourd. Elle lit actuellement 'Tom Sawyer' et se croit transportée dans Londres il y a 100 ans de cela, les descriptions du niveau de vie dans le bouquin y sont très semblables.
Après cette escapade, nous souhaitons nous poser devant une bière et mettre sur 'papier' toutes ces sensations contradictoires qui nous rongent l'esprit et le cœur depuis ce matin. Nous pensons aussi fortement à Doris, la seule et l'unique véritable indienne que nous connaissions avant de mettre les pieds ici.
Un seul bar dans le coin. Nous nous faisons jeter dehors car trop lents pour nous décider. Notre cerveau est encore en mode ralenti. Nous nous rendons donc dans un supermarché d'état afin de trouver notre bonheur. La réserve d'alcool est mis à l'abris derrière des barreaux en fer, comme un animal dans une cage. Les indiens ne doivent pas boire beaucoup, par contre les drogues vont bon train... Les yeux jaunes et embrumés des hommes dans la rue en témoignent, ainsi que les nombreuses propositions dans la journée. Ils mâchent également un drôle de mélange de tabac et de racine, inconnu au bataillon, mais pas envie de tester.
Nous rencontrons des touristes et sautons sur l'occasion pour discuter un peu avec eux sur la terrasse de leur auberge. Nous décidons de nous joindre à eux le lendemain pour être volontaire à la maison de mère Theresa. Puis nous nous arrêtons dans un boui-boui tenu par des musulmans et goutons au hasard d'autres mets succulents, avec un verre de thé.
Une douche de retour à l'auberge, plutôt écourtée à vrai-dire car l'eau est fraîche. Juste une journée à Calcutta, et on se sent sale comme jamais, même plus qu'après la semaine dans les steppes mongoles avec 3 jours à cheval et sans eau pour se débarbouiller...
Les mots nous manquent pour aujourd'hui, peut être viendront-ils plus facilement après une nuit de repos. Ou pas... Malgré les 2 nuits blanches de la semaine, le sommeil va être dur à trouver, avec l'impression que nos têtes vont imploser.
La Thaïlande nous parait déjà bien bien loin...
Saint John
 

2 commentaires:

  1. brigitte charlotte pigeon/corbeau22 janvier 2013 à 00:21

    Outch... dur dur votre récit... et pour avoir eu le récit d'autres globes trotteurs, l'Inde est souvent une étape difficile à gérer... Du coup j'ai même pas de blague à faire ce coup-ci, c'est dire... Aller Grosses bises à tous les deux!

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  2. C'est pas la france c'est sur mais bon c'est une ville pleine de charme. Il y a de la pauvreté et aussi des indiens aisés c'est ça qui m'a interpellé dans cette ville. Les contrastes sont saisissants . Il est vrai que mon précédent voyage était un tour du Burkina Faso, donc beaucoup plus violent en ce qui concerne le dépaysement, le climat et la misère. Néanmoins que ce soit dans l'un ou l'autre de ces deux voyages les habitants nous ont accueillis chaleureusement. (On a voyagé en couples et en routard).

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