Potossi - Tupiza

16.04.2013
On se lève tôt pour rejoindre la gare routière en minibus. Nous avons juste le temps de boire un café avant de monter dans notre car direction Tupiza au sud de la Bolivie. Pendant les 7h de route, nous traversons des régions montagneuses où la vue est vertigineuse, et les cactus cierges sont rois. Sur le sol aride, il ne pousse en effet pas grand chose. Le conducteur est prudent dans les descentes, également chose rare par ici. Les rares villages traversés font penser au far-west, bienvenue dans la région des canyons.
Nous arrivons sous un soleil de plomb en début d'après-midi dans la ville, qui n'a pas grand chose à offrir, hormis des agences et des hôtels pour les touristes souhaitants se rendre dans le salar d'Uyuni. On tourne pour chercher un hôtel pas cher et digne de ce nom, ce qui n'est pas une mince affaire.
Après négociation, on trouve enfin une auberge avec cuisine et un semblant d'internet, proche du marché. Nous cherchons ensuite une laverie pour le linge, la seule de la ville est fermée. Nous écoutons le blabla des tours opérateurs dans plusieurs agences, qui finalement offrent tous plus ou moins les mêmes tours de 4 jours aux mêmes prix. Nous sommes sensés attendre Ulysse et Céline pour partager une voiture avec eux, mais ils nous préviennent par mail que la route pour nous rejoindre est coupée. Il faudra attendre un ou deux jours de plus.
Au marché, nous gouttons les bananes roses tant recherchées au Brésil, elles sont fameuses. Nous faisons les emplettes pour la salade du soir, tomates, oeufs, carottes, patates et pain. Les locaux ne sont pas très sympathiques, sûrement blasés par le flux de touristes continus dans la ville. On peut les comprendre: nous aussi, on a du mal à accrocher.
La nuit tombée, nous profitons donc de la cuisine et mangeons dans la 'cour intérieure'. Une douche serait la bienvenue, mais il y a une coupure d'eau, donc elle est reportée au lendemain.
Bananes roses
 

Potossi - marchés - couturiers - indécision - faux départ

15.04.2013
Nous nous levons pas bien tôt et allons boire notre café au marché. C'est qu'on aurait presque nos habitudes à Potossi! Le pantalon de Yoann supporte mal les nombreuses randonnées, les différents voyages déjà effectués et les 7 mois et demi de voyage: le tissus est déchiré aux fesses, presque transparent, aux genoux les petites chutes ont aussi eu raison de la toile et tout cela malgré quelques réparations. Il est temps de faire appel à un professionnel. La partie du marché où nous déjeunons concentre bon nombre de couturiers mais nous faisons choux blancs car ils n'ont pas de tissus adaptés. Nous rentrons à l'hôtel faire le checkout. Les couturiers nous ont conseillé d'acheter nous même de quoi faire des pièces de tissus dans une autre partie du marché. Nous tournons et retournons avant de trouver notre bonheur: un tissu en mérinos de Bolivie tout bariolé que les femmes utilisent pour transporter bon nombre de choses dans leur dos.
Une couturière accepte la mission de bolivianiser le pantalon, ce qui nous donne un large sourire. Le Fjäll Räven sera sauvé et customisé.
Nous passons l'après midi à flâner dans les boutiques d'artisanat, à grignoter toutes sortes de spécialités: beignet, figues de barbarie, et milkshakes. La couturière a une heure et demi de retard mais Yoann est bien content du résultat! Nous récupérons nos sacs à l'hôtel pour aller à la gare routière. Le bus que nous voulions prendre est complet. Tant pis nous prendrons le prochain. Puis, après une heure d'attente billets en poche (ah oui, quand même, sûrement le manque d'oxygène qui nous oblige à penser aussi lentement!), nous nous disons que c'est quand même pas top d'arriver à 3h du mat frigorifiés dans une ville pour chercher un hôtel etc... Alors nous échangeons nos billets pour le lendemain matin et retournons à notre hôtel passer une bonne nuit dans un vrai lit. Nous découvrons une 3ème chambre et dormons comme des loirs, après une soupe au réchaud.
 
Couché de soleil à la barre routière
 

Potossi - Ojo del Inca

14.04.2013
Nous déjeunons au marché, puis faisons le tour des agences touristiques pour savoir comment se rendre aux lagunes artificielles de Kari-Kiri construites par les conquistadors pour le traitement des minerais ou au eaux thermales de Tarapaya. Les incas venaient de Cusco pour profiter de ces bains.
Vue l'heure avancée nous optons pour les eaux chaudes au lieu des 4h de randos pour les lagunes.
Nous demandons notre chemin plusieurs fois pour savoir d'où partent les bus pour Tarapaya. C'est dimanche et de nombreux boliviens ont eut la même idée que nous. Il faut se presser pour passer la porte du bus et s'entasser à l'intérieur. Nous descendons à Ojo del Inca, un lac de 22m de profondeur à 30° qui alimente les nombreux baleñeros du coin. Les locaux y vont faire leurs lessives (l'eau de la rivière en est même savonneuse!), se lavent ou profitent des eaux chaudes dans des piscines de béton.
Pour nous, quelques minutes de marche pour rejoindre le lac, 10 Bolivianos l'entrée et nous découvrons dans un cadre magnifique entouré de montagnes la source chaude. Rapidement nous nous joignons à un groupe d'une dizaine de personnes composé d'argentins, brésiliens et d'une majorité de français. Le courant passe vite et nous sautons à l'eau. On croirait prendre un bain! A 3600 m d'altitude, il n'est pas facile de nager longtemps... Pour remonter sur les berges, c'est un peu compliqué aussi car le lac est tout de suite très profond! On tente la sortie en mode pingouin sans succès!
Ensuite les discussions vont bon train, voyage, situation politique en France, en Allemagne etc... On se protège du soleil aussi pour ne pas ressembler à des crocodiles. Contents d'avoir fait connaissance, nous décidons de tous rentrer ensemble et de se donner rendez-vous en début de soirée pour aller manger un bout. Nous aurions du écouter les conseils de Nico et Julia, prendre notre matos de camping et passer la nuit dans cet endroit merveilleux, mais relativement frais la nuit tombée.
En début de soirée donc nous retrouvons notre dizaine de compères et choisissons avec un peu de mal un resto genre mexicain aux tarifs bien loin de ceux du marché. Yoann et Laure se partage une pizza, bien moins bonne que celle de la veille... La soirée se poursuit dans un bar où nous sommes les seuls clients à part 2 piliers qui accompagnent la patronne. La bière Potossina la plus haute du monde coule à flot et comme ils font aussi karaoke, certains de notre groupe pousse la chansonnette en espagnol: Aventura, las ketchup, Manu chao, de bonnes casseroles mais fous rires assurés. Il fait bien froid sur le chemin du retour mais nous sommes contents de nous enfouir sous les couettes.
 
 
 
 
 

Potossi, la ville minière

13.04.2013
Pendant la nuit, le manque d'oxygène s'est fait ressentir. Vivement qu'on s'habitue. Nous nous levons tôt et après un petit déjeuner costaud au marché, nous rejoignons le guide pour la visite des mines. Un groupe de 7 personnes montent dans le minivan jusqu'au marché des mineurs, où nous achetons quelques matières premières qui leur tiennent aux cœurs une fois sous terre: des feuilles de coca, l'activateur qui sert à accélérer ces effets, des cigarettes, de la dynamite, de l'alcool à 96°, et un jus de fruit! Que du bon pour la santé! Les mineurs ne mangent pas lorsqu'ils sont sous terre car les métaux lourds et les vapeurs s'imprégneraient dans la nourriture, qui ensuite ingurgités, iraient rapidement s'accumuler dans les reins. Du coup, ils ne mangent pas pendant 24h, le temps de leur travail, et la coca les tient éveillés et coupent l'appétit.
Nous montons en voiture dans la montagne qui surplombe la ville à 4800m d'altitude, qui est rongée par les tunnels depuis 500 ans. Elle aurait diminuer de 400m d'altitude depuis! Notre guide nous conseille de prendre de la coca, nous voilà donc, les 7 touristes, avec la boule de feuilles dans la bouche, habillés en blouse, chaussés de bottes, et munis de casques, près à rentrer dans le labyrinthe de tunnels.
Le début est bien fabriqué en briques, car cette partie appartenait au conquistador. Ensuite, ce n'est qu'un dédale de sous-terrains, où il faut se baisser pour passer. Autant dire que le casque nous sauvera le crâne une bonne dizaine de fois. Les murs sont rongés par des galeries, où les veines de métaux font la fortune de certains mineurs: argent, plomb, zinc, pierrite aux couleurs incroyables: jaune, bleu, rouge, vert... Le sol est parfois recouvert de flaques d'eau toutes aussi multicolores, et nous sommes heureux d'avoir des bottes étanches pour patauger la dedans. L'odeur de l'air est spéciale et rappelle à Laure ses TP de chimie minérale. Il est fortement déconseillé de toucher les murs et les stalactites d'acides qui descendent du plafond.
Nous rencontrons quelques mineurs, bien que le samedi soit souvent un jour de repos pour eux, où ils vont jouer au foot et rendre visite à leur famille. Nous leur distribuons les 'cadeaux' et eux nous expliquent leur condition de vie plus que difficile. Désolé Guillaume, tu as perdu à nos yeux le statut du plus courageux des travailleurs! Au début, ils commencent à bosser pour quelqu'un et se font bien exploiter. La seconde année, ils touchent 50% de ce qu'ils sortent des mines. La qualité compte autant que la quantité, donc les mineurs ne lésinent pas sur les heures de boulot. Ils enchaînent souvent 24h, voir 48h sous terre. La troisième année, ils peuvent acheter un filon, un coin dans la mine qu'ils pensent plein de richesse. Donc ils s'endettent à crédit pour jouer un peu à la loterie. Si la veine est bonne, ils pourront s'arrêter de bosser après quelques années et vivre correctement. Sinon, ils devront continuer à trimer.
L'année dernière, la mine déclare 12 morts, dont 4 par accidents de dynamites, le reste de problèmes de santé liés aux gaz, à la poussière et aux métaux lourds.
Nous passons par la mine gouvernementale qui n'a fait qu'un temps. Les mineurs étaient bien payés, nourris, logés, mais la corruption a fait qu'il y avait plus de profiteurs à l'extérieur de la mine que dans les tunnels et causé sa perte. Aujourd'hui la mine appartient aux mineurs et leurs coopératives.
Nous croisons plus tard dans un renfoncement le Tio. Un dieu ressemblant à un diable que les mineurs viennent prier de leur offrir des bons filons pleins de minerais purs. Une fois par mois, ils viennent le remercier en lui offrant coca, cigarettes et alcool pur. Nous goutons par deux fois au doux breuvage à 96°, une fois pou Tio, la deuxième pour la Pachamama, la déesse de la terre mère. Toujours la dualité, 2 dieux, 2 yeux, 2 bras, etc... Nous remontons par le biais de plusieurs échelles en bois à travers un puits, puis traversons une partie très basse tous recroquevillés pour retrouver la lumière du jour après 3h de ballade. Nous n'avons pas distribué la dynamite alors le guide prépare de quoi faire tout sauter en ajoutant un autre explosif autour de la dynamite mise en boule, le tout bien serré dans un sac plastique et le détonateur au milieu. Il allume la mèche devant nous et commence à déconner, l'explosif entre les dents. Puis il s'éloigne en courant, danse autour de la bombe, fait quelques pompes, passe un coup de fil avant de détaler. La détonation est la plus forte que nous n'avons jamais entendu.
Nous rentrons déposer notre équipement. Puis en ville nous achetons un quart de poulet pour le repas. L'après midi se passe tranquille et nous ressortons la nuit tombée pour manger une pizza au feu de bois excellente. Les rues sont animées, une fanfare défile et nous nous couchons pleins de fortes émotions vécues dans les mines.
L'attirail du mineur, dynamite, coca, alcool ect...
La mine 4800m
 
Tio
Dynamite!!!
 

Sucre - Potossi

12.04.2013
Laure part chercher le petit déjeuner au marché: œufs pochés sur tartines et beignets au fromage. L'hôtel possède une cuisine sommaire qui permet de chauffer du café. Avec nos sacs, nous prenons ensuite la route pour la gare routière, en faisant un stop au restaurant français où nous croisons le propriétaire. Un microbus nous dépose devant la gare, et nous montons dans un car pour Potossi. 3h de route à travers les montagnes, le paysage est époustouflant. Un vendeur de brosses à dent baragouine pendant une demi-heure sur les bienfaits de sa pâte blanchissante, ce qui représente un sacré exploit!
Potossi est une ville minière nichée entre les montagnes et perchée à 4070m d'altitude. C'est la ville la plus haute du monde devant Lassa. Les rues montent et descendent dans tous les sens, on sent déjà le manque d'oxygène avec nos sacs sur le dos. On souffle comme des bœufs! Un bus nous rapproche du centre, et nous demandons dans un centre d'information où se trouve l'auberge que Nico et Julia nous avaient conseillé. Yoann part en repérage pendant que Laure garde les sacs. L'hôtel est sympathique et proche du marché. Nous partons faire un tour en ville, où les nombreuses églises sont magnifiques. Les jeunes jouent au babyfoot, et toutes sortes de stands remplissent les trottoirs. Nous goutons aux bugnes et allons nous assoir sur un banc, afin de contempler l'activité, et de reprendre un peu de souffle... À l'agence BigDeal, également recommandée par Nico et Julia, nous réservons un tour dans les mines pour le lendemain matin. Nous mangeons rapidement une soupe dans un bouiboui avant d'aller se coucher, bien fatigués par l'altitude.

La mine.