Banlung - Laos (4000 îles): la fin du Monde

21.12.2012
Le minibus n'est pas trop en retard. Il fait ensuite le tour du village. Quelques locaux montent avec nous ainsi que leurs chargements. L'un d'eux transporte 5 ou 6 poules dans des sacs en paille, l'autre fait accrocher à l'arrière 3 sommiers, mais finalement, on a déjà connu bien pire ailleurs. Il faut environ 2h pour rejoindre la première étape et l'on nous pose à l'extérieur de la ville d'où doit repartir un autre bus pour le Laos. Il faut négocier sévère, c'est très cher, et on supprime le trajet en bateau pour rejoindre l'île que nous arrangerons nous même malgré les explications: oui il n'y a qu'un bateau, il est déjà plein, mais en payant plus, tu es sur d'avoir une place, bref un vrai conte de fée pour débourser encore 4$ de plus, non merci.... Même pas le temps de boire un café que c'est repartit! Cette fois çi il y a d'autres touristes avec nous. La frontière n'est pas loin. Côte Cambodge le gentil douanier demande 2$ pour un coup de tampon. Yoann s'en veut de ne pas avoir été assez patient. De l'autre côté au Laos, même cinéma mais cette fois çi c'est le douanier qui craque et s'exécute sans obtenir une contribution de notre part pour son pénible travail de forçat. On attend encore un peu que tout le monde fasse tamponner, que certains fassent leur visa par eux meme, ou que le mec du bus s'occupe pour 10$ de plus de la manœuvre...
Encore 30 minutes entasśes dans un nouveau minivan et nous retrouvons le Mékong. À l'embarcadère, très confiant Yoann présente le billet de bus assurant que le trajet bateau est compris et ça marche! Même pas besoin de payer le billet qui était 3 fois moins cher qu'avec la compagnie au Cambodge.
Nous posons les pieds à Don Det, une petite île parmi les 4000, à la recherche d'une guesthouse. C'est assez facile, il y en a des dizaines, l'endroit est apprecié des voyageurs et des fêtards. Nous rencontrons quelques français, et beaucoup d'autres étrangers, certains deja croisés ailleurs. L'ambiance est très cool. Les locaux ont l'air heureux dans leur petites maisons en bois. Ils disent tous bonjour aux passants. Nous dormons dans un bungalow sous la moustiquaire. Nous ne faisons pas grand chose de plus que voir le coucher de soleil magnifique sur le Mékong. Laure se couche assez tôt, appelle Yoann pour sortir une bonne grosse blatte du sac à dos, puis va boire un dernier coup dans un bar avoisinant. Il rentrera aussi avant le reste de la troupe écrasé par la fatigue.
Frontière Laos
L'embarcadère pour les 4000 îles
Vue de la terrasse
 

Banlung - Quelques aller-retours

20.12.2012
Après un maigre petit déjeuner, notre scooter nous est livré vers 8h. Nous nous rendons en ville pour checker les prix des billets de bus pour les 4000 îles au Laos. 15$ en moyenne. Nous passerons plutôt par le proprio du lodge, qui nous propose de nous rapprocher de la frontière pour 6$. Ensuite, Laure a un petit coup de barre, un bon rhume attrapé dans les bus congélateurs. Yoann la ramène et retourne en ville. Tentative de choper un guide du Laos en échangeant ceux du Vietnam et du Cambodge qui fait choux blanc, malgré la visite de nombreuses guesthouses. Un petit tour du lac pas loin du centre ville, il est bordé d'hôtels plus ou moins luxueux et très paisible. Un petit café glacé pour profiter d'Internet, checker les mails et mettre à jour le blog préparé à l'avance. Retour au lodge pour voir si Laure va mieux, mais c'est toujours pas la grande forme. Yoann ré-enfourche la bécane et part à la recherche de fruits, d'un sandwich, et de médicaments. Il trouvera des mini bananes et une mangue verte, une nouveauté. Il y a plusieurs pharmacies mais personne ne comprend la requête et on le renvoie vers la clinique. L'endroit est très sommaire, on laisse ses chaussures à l'extérieur, et l'on se rend compte de la pauvreté de la région. On s'assoie, on bavarde, puis le médecin regarde tout ses médicaments ( il en a moins que dans les pharmacies) et donne 3 cachets différents à prendre pendant 3 jours. La note salée au passage.
Nous mangeons sur notre table en bambou qui s'écroule sur nous quand nous décidons pour une quelconque raison de changer de côté. Rien de mal mais nous nous faisons tous petits car le robinet de la douche était aussi resté dans la main de Yoann le matin même.
Nous re-retournons en ville pour rejoindre une cascade. Notre carte dessinée à la main n'est pas des plus précises, et Yoann préfère rouler que de garder les yeux ouverts sur les panneaux ou de demander son chemin. Nous faisons quelques kilomètres sur une piste à travers une forêt d'arbres à laque, plantations en tout genre et villages de maisons sur pilotis. Nous rebroussons chemin et trouvons la cascade. C'est impressionnant et l'on peut passer tranquillement derrière sans prendre une douche.
Nous nous remettons en route rapidement, il ne reste plus beaucoup de temps avant le couché du soleil et l'heure de rendre l'engin. Quelque courses en ville, bière et baguette. Un bon petit repas. Yoann réinvente la recette du leblabi: un sachet de pâtes chinoise sbien épicées (les dernières) et 3 demies baguettes émiettées. C'est un régal et surtout ça tient au bide.
 

Lac de Yamlok: un paradis sacré.

19.12.2012
Pas de réveil, cela fait du bien. Déjeuner au réchaud, les joies du camping, table en bambou au milieu de la jungle, nous nous sentons très bien.
Nous décollons à pied sous les explications du proprio vers 9h30 pour rejoindre le lac cratère. Le chemin n'est pas vraiment balisé et au bout de 500m nous sommes en freestyle. Il y a quelques cahutes ici et là et nous demandons notre chemin plusieurs fois. La région parait très pauvre, aucune infrastructure, et nous avons l'impression que les autochtones ne parlent pas khmer. Il y a des vergers où poussent des arbres inconnus pour nous, c'est aussi très vallonné. Un petit vent est bien venu et nous rafraîchit de temps en temps. Avec nos détours et nos hésitations, nous mettons bien 2h pour rejoindre le lac.
Il faut s'acquitter d'un droit d'entrée, mais nous pensons contourner par un autre chemin. Un gars arrivant dans l'autre sens en bécane nous explique qu'il faut faire demi tour et payer l'entrée car l'argent va à la communauté qui vit dans la région: les Tameuls. Ils ne sont pas Khmer, pas bouddhiste. Ils ont leur propre langage qui ne s'écrit pas. Ils croient aux esprits de la nature, de la forêt et le lac où nous allons nous baigner est sacré. Il est d'ailleurs interdit d'y construire des bâtiments ainsi que dans la forêt, elle aussi sacrée, qui le borde. C'est une bonne chose.
L'endroit est paradisiaque. Laure met même la tête sous l'eau pour la photo. Il y a plus de locaux que de touristes. Ils sont attablés sur des nattes dans des cabanes de bambou ou larvant dans les hamacs. Ceux avec qui nous partageons le ponton nous offrent une bière, et ils se font un festin qu'un gamin leur apporte en vélo. Pour nous ce sera pâtes chinoises crues, tranche de pain de mie, et une saucisse chinoise. On en a encore quelques une, Yoann a un peu du mal à finir le paquet. L'après-midi passe vite et nous discutons avec 2 suisses allemands, partageant nos expériences de voyage et les différences France - Suisse - Allemagne. On aurait voulu rester plus mais le couché de soleil sur une plateforme dans notre lodge nous attend. Nous rentrons par la route nationale, beaucoup moins intéressant, mais plus court...
Le couché sur la petite plateforme en bois construite sur les hauteurs après la forêt de bambou, n'est pas le plus beau que nous n'ayons jamais vu. Une colline gâche un peu la vue. C'est qu'on a de ces exigences maintenant! Retour à la table en bambou et le repas sera pâtes chinoises cette fois cuites, bientôt les dernières, le sac s'allège, presque dans le noir. Nous allons au lit assez tôt après avoir réservé une bécane auprès du proprio pour le lendemain.
 
Camping dans la jungle
 

Siem Reap - Banlung: journée transport comme on les aime

18.12.2012
Pour la deuxième fois consécutive, nous nous levons à 4h45. Un mini-van doit venir nous chercher. Il arrive avec une bonne demi-heure de retard. Nous faisons le tour de la ville et des auberges, remplissant plus que de raison le véhicule. Nous n'allons qu'à la gare routière où un bus trop climatisé nous attend. Pendant les premières heures de trajet, nous finissons notre nuit assis à 90°. Nous avons l'impression que le bus fait plus de pause que de trajet. Quand Yoann se réveille, quelques pages de son bouquin suffisent à le rendormir. Pour Laure c'est pareil avec quelques écrans lus sur l'iPhone. Arrivés on ne sait, où il faut descendre du bus et monter dans un van. Nous sommes confus car les autres passagers ne vont pas dans la même direction que nous, et personne ne parle vraiment anglais. Ils doivent savoir ce qu'ils font.
Nous passons par Kratie, ville que nous voulions visiter où l'on peut voir les dauphins d'eau douce du Mékong. Ils n'ont pas besoin de visa et se balladent jusqu'au Laos, nous irons les voir là-bas. Il fait faim et il nous faut patienter encore quelque km pour sortir de la ville et aller dans un de ces resto de bord de route où s'arrêtent les cars. Les prix ne sont jamais très attractifs, mais malins comme des singes nous avons notre pain et demi ainsi qu'une boîte de sardine à la tomate. Le trajet continu encore quelques heures, le chauffeur est pied au planché et main au Klaxon.
Arrivés où la route se sépare pour le Laos et la province de Ratanakiri, notre destination, nouveau stop, séparation des voyageurs, nouveau véhicule: un car bondé. Les gens sont déjà assis sur leurs sacs dans le couloir. Le chauffeur vire quelques valises et fait une place pour Laure. Yoann a moins de chance: juste à côté de lui une nenette, peut être cambodgienne, très précieuse et quelque sacs Louis Vuitton sur le siège a côté d'elle. Le genre née avec une cuillère en argent dans la bouche et un balai dans le cul. Les autres passagers le prévienne, elle a acheté deux places et ne bougera pas ses trésors. Qu'à cela ne tienne Yoann la réveille et essaye de lui faire comprendre que c'est une égoïste, il a lui aussi deux billets en main. Elle ne se donne la peine de répondre et c'est le mec de devant qui voyage avec elle qu'il lui dit gentiment de voir avec le chauffeur. Pas grave, encore deux heures pour lire, Yoann est lui maladroit et lui donne quelques petits coups de coude non intentionnel ne trouvant pas de position vraiment confortable.
Après 13 heures de trajet arrivés à Banlung, les chauffeurs de tuk-tuk et de motorbike se pressent à la recherche du bon pigeon. Nous hésitons à descendre en ville, ou rejoindre le nature lodge, sans électricité, à 6 km en périphérie où nous avions demandé si l'on pouvait camper. Le proprio avait répondu OK mais il ne savait quel prix nous proposer car c'était la première fois pour lui. Nous nous en sortons pour 2$. Deux bikers nous proposent de nous y amener pour 1$ chacun, cela arrête notre choix, le prix pour le centre ville étant le même pour les autres touristes. Arrivés sur place, le cadre en pleine jungle est super sympa. Un emplacement a été préparé pour nous, feuilles mortes balayées, il ne reste qu'une belle araignée grosse comme le poing à piétiner. Dîner aux chandelles, comme nous sommes les seuls, ils n'allument pas le générateur.
 

Siem Reap - les temples d'Angkor

17.12.2012
Nuit courte, nous nous levons à l'aide du réveil à 4h45, afin d'aller voir le levé du soleil sur les temples d'Angkor. Le chauffeur de tuktuk d'hier est sensé nous y emmener mais il ne daigne arriver. Nous ne nous sentons pas très en forme pour parcourir les 40km en vélo, avec les visites des différents temples sous les 35 degrés! Nous négocions alors le prix pour la journée avec un autre conducteur. Nous décollons assez tard avec ce contre-temps. Lorsque notre chauffeur grille un feu rouge, les flics lui collent une amende sur le dos, ce qui ne le rend pas plus aimable...
L'ancienne cité Khmer abritait à son apogée (du 9ème au 15ème siècle) un million de personnes. Certains monuments sont aujourd'hui en état de ruines mais le gouvernement investit dans la rénovation. La jungle et la végétation ont parfois repris le dessus, ce qui appuie un peu plus sur l'aspect sauvage du site.
À l'entrée du site, nous achetons nos billets et nous posons devant Angkor Wat, le monument le plus grand du parc, qui se réverbère dans le lac présent à ses pieds. La symétrie du temple est parfaite et encore en bon état. Nous nous melons à la cohue des photographes, et soudain le soleil pointe son nez, illumine les vielles pierres et rend le lieu magique! Des arches encerclent Angkor Wat sur 800 mètres, des bas-reliefs y sont gravés dans la roche, décrivants différentes batailles. Les blocs de pierre énormes sont taillées comme un puzzle en 3D, avec des détails ou des fresques sur chaque centimètre carré. Certaines sont trouées, ce qui devait faciliter le transport et le montage effectué à l'époque par des éléphants.
Nous partons à la recherche du tuktuk, parmi la centaine qui attendent patiemment leurs clients à chaque arrêt. Le chauffeur s'est endormi dans son hamac, suspendu dans la cabine. Il nous amène ensuite à Bayon, s'en suit une discussion mouvementée car il veut augmenter le tarif. Le ton monte, nous partons à pied visiter le monument, en ne sachant pas s'il sera encore là à notre retour. Nous foulons les vieilles pierres dans un dédale de corridors, les monuments sont encore à moitié éclairés par le soleil, avec un jeu d'ombre et de lumière intéressant sur les grosses têtes de femmes souriantes! À Baphuon, l'accès aux shorts et débardeurs est interdit. Laure attend patiemment devant, pendant que Yoann part en exploration sur le site haut perché. Nous retrouvons ensuite le chauffeur, tout le monde s'est calmé mais la bonne humeur n'est pas encore revenue. Nous trouvons un compromis et visitons Preah Khan, puis Ta Keo. Plusieurs chantiers de rénovation sont en cours, certaines parties sont fermées au public car jugées dangereuse. Sans blague! Vu l'amoncellement des rochers, il faudrait être inconscient ou suicidaire de s'y aventurer... Vient la pause casse-croûte à l'ombre, la fatigue tombe comme un voile, ce qui rend l'esprit un peu brumeux. Les marches paraissent tout d'un coup plus hautes et les corridors plus longs.
Le monument Ta Prom est en état de ruine avancé, les arbres n'hésitent pas à bousculer les murs en pierre avec leurs racines, qui enveloppent le site de façon sauvage. Décor Tomb Raider, une scene du film y a été tournée, avec de nombreuses tours, de petites cours intérieures et d'étroits corridors, qui mènent souvent à des monticules de pierres renversées.
Nous négocions ferme le prix d'un café frais puis passons devant le lac Srah Srang, entouré de rizières qui font vivre plusieurs villages alentours. Nous escaladons la pyramide Pré Rup, qui fait étrangement penser à Palenque au Mexique. En effet, la vue du haut permet de surplomber la jungle et champs alentours. Nous apercevons au loin Angkor Wat, noyée par la végétation. Avec le couché de soleil, les roches paraissent encore plus rouges et des ombres se dessinent de nouveau. Nous regardons ce spectacle naturel, puis regagnons la ville en tuktuk la nuit tombée.
La journée a été fatigante mais nous en a vraiment mis plein la vue, l'immensité du site, la prouesse architecturale et les détails de sculptures, la taille et la couleur des roches avec du lichen, et la nature qui reprend le dessus...
La douche nous requinque, nous gouterons ce soir deux specialités khmers: la salade de fleurs de bananes et l'amok, une sorte de curry au poisson accompagné de riz. Puis au lit...
Angkor Wat