Varanasi, le Gange sacré

21.01.2013
On arrive à 4h45 à la gare secondaire située à 18 km du centre. Les conducteurs de Rickshaw nous sautent dessus et veulent profiter de nos esprits embrumés. Nous refusons et grimpons dans un bus. Le conducteur ne part que lorsque le car est plein (les indiens n'ont pas la même définition que nous pour le mot 'plein'). On ne comprend pas trop ce qui se passe, ça s'embrouille un peu derrière nous, on bouche le passage avec nos sacs. Alors on attend en se gelant les miches, alors que du monde monte, puis redescend puis remonte. Enfin c'est le départ. Les rues sont gadoueuses, impossible de voir quoi que ce soit à travers la vitre, mais on sent bien que les pneus s'enlisent un peu. Puis on saute à l'extérieur du bus pour rejoindre les Ghats le long du Gange à pied, histoire de se réchauffer un peu. Le jour se lève, les indiens aussi. Ils quittent leurs cartons et font du feu avec des pneus, des bouses et des déchets dans la rue pour chasser l'air frais. Les hommes et femmes sont enveloppés dans des tissus sales, mais l'état de nos polaires ne vaut guère mieux! Une pause thé chaud sur un banc, puis nous trouvons le Gange. La lumière est chouette, l'eau sale, les escaliers sont chargés de monde, les enfants tirent sur les cordes de leurs cerfs-volants. L'autre berge contraste fortement, elle est vide de tout bâtiment, avec une longue bande de sable inhabitée.
Dans le guide du routard est écrit: "tout microbe qui se respecte ne peut vivre dans le Gange!". On comprend!
Nous recherchons une guesthouse avec vue sur le fleuve et trouvons assez rapidement quelque chose, faut pas être trop exigent! On s'étale de tout notre long dans nos duvets et écrasons pendant 4h, malgré le brouhaha de la ruelle devant notre fenêtre.
À notre réveil à midi, le proprio veut nous mettre à la porte car il est certain que nous avons pris des drogues! C'est vrai que nos têtes font peur mais quand même... Alors s'ensuit une longue discussion, non, nous sommes bel et bien clean, mais juste éreintés. Finalement on a le droit de rester, mais le proprio n'hésitera pas à appeler les flics s'ils nous surprend (il ne nous croit toujours pas). Alors c'est fermement décidé, on se repose.
Un petit tour dans la ville, pour s'imprégner de l'ambiance. Les ruelles nous entraînent comme un tourbillon, un peu comme dans les Hutongs de Peking, mais en bien plus sales et bruyantes... On s'arrête dans un restaurant et goutons aux galettes de pain (il en existe des tas de sortes différentes et au fourrage se déclinant du sucré au salé). Donc un 'naan' à l'ail (farine blanche, pas levé, un peu sécos), un 'paratha' fourré au fromage frais (plus huileux) avec une assiette-marmite pour Laure et du riz pour Yoann. Nous ressortons les joues rondes, le ventre prêt à craquer.
L'après-midi, Yoann s'octroie de nouveau une sieste puis nous ressortons nous balader le long du Gange sur les marches. Tous les jours se tient le Puja, une cérémonie qui se déroule dans toute l'Inde, au cours de laquelle s'élèvent les chants sacrés et a lieu l'offrande de la lumière au Gange. Des prêtres, de beaux brahmanes parés de tuniques chatoyantes officient en accomplissant des gestes rituels avec de lourds chandeliers, au milieu des volutes d'encens. De la musique live s'élève dans les airs, c'est un spectacle fascinant! Nous faisons une boucle dans le centre-ville blindé de monde. Les gamins nous tiennent le t-shirt sur 100 mètres en mendiant. Les 10 premiers 'non' sont avec le sourire, au bout du quinzième, on perd patience, au bout du vingtième 'non', vient en nous l'envie de les gifler (la graduation varie selon l'état de fatigue). Alors on se rend compte comment l'être humain peut être minable, on a totalement honte de nous... Ces bambins n'ont pas demandé à venir au monde, encore moins au milieu de cette misère, la moitié sûrement est malade ou orphelin, à la merci de la mafia, et va passer la nuit dans la rue... Bref, il est temps de rentrer.
L'eau froide de la douche ne nous donne pas bien envie, et comme dit Yoann: 'on pourra jamais être aussi sales que les indiens!' Alors réconfortés dans notre crasse, nous retrouvons nos lits et essayons de dormir d'une traite jusqu'au lendemain.
 
 

2 commentaires:

  1. l'Inde fait partie des 4 grands pays émergents ???
    on a du mal à y croire quand on voit toute cette misère...!j'en ai mal au cœur... baci mamma

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  2. Ouha, je vous suis tous les jours... mais là, ce que vous décrivez, c'est quand même dingue, nous qui sommes ici, bien au propre, on a du mal à s'imaginer ce que vous voyez et surtout s'imaginer que cela peut exister, les villes comme vous les décrivez avec leurs dechets.... Gros gros bisous Sandrine, Morier

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