Phonsavan, la plaine des jarres, l'endroit le plus bombardé au monde

29.12.2012
Au réveil, la ville est dans la brume. Le climat est clairement plus frais dans les montagnes, la couette n'a pas été superflue cette nuit. Nous sortons au marché à la recherche de pain, et rentrons avec une escalope de dinde et des beignets à la banane pour le petit déjeuner. Nous partons ensuite dans la rue principale pour louer une moto à la journée, une première au Laos. La location est plus réglementée qu'au Cambodge ou au Vietnam. Notre passeport est gardé en gage et nous remplissons 2 documents en cas de contrôle policier, dont une assurance! On est jamais trop prudent... Au moment de partir, nous nous rendons compte combien il peut être bon de poser son sac 2 jours sans de trajet en bus prévu pour la journée et de profiter autrement du beau ciel bleu. Nous apercevons plusieurs auberges que nous n'avions pas visité la veille. C'est reparti pour un petit tour de recherche, nous trouvons un dortoir moins cher chez des locaux tous sourires. Déménagement.
Puis nous partons visiter la plaine de jarres, qui porte bien son nom. C'est un peu l'équivalent de l'île de pâques, pour les petits budgets. En effet, l'origine de ces centaines de jarres en pierre reste inconnue. D'après les archéologues, elles dateraient de -500 / + 200 JC! Il existe plus de 90 sites vallonnés recensé par l'UXO (organisme luttant contre les bombes non explosées). Il est hors de question de sortir du sentier balisé. La région a été fortement bombardée lors de la 'secret war', de nombreuses bombes sont encore enfouies dans la terre. Des cratères de 10 mètres de diamètre témoignent de cette triste période... La plus grosse jarre est haute de 2 mètres, les locaux inventent des légendes, mais personne ne sait exactement leurs utilités, éventuellement pour brasser de grosses quantités de vin de riz.
De retour en ville, nous goutons à la spécialité laotienne, le 'laap', une salade de viande hachée menue et bien assaisonnée. À 30km de là se trouve un village de minorité Hmongs (déjà rencontrés à Sapa au nord du Vietnam) ayant récupéré de nombreuses bombes pour la qualité de leur métal. Les obus servent désormais de jardinières ou de bases pour leurs maisons et pigeonniers sur pilotis. Mais certains travaillent l'acier et le transforment en outils de qualité supérieure, ou simplement en couverts, batteries de cuisine, etc. Même en ville ils participent à la déco.
Les Hmongs fêtent leur nouvel an depuis 2 semaines, habillés de leurs plus beaux costumes. Sur la place du village, les hommes jouent à une sorte de volley avec une balle de paille tressée, les habitants dansent, abrités sous une ombrelle pour se protéger du soleil qui attaque fort. Les jeunes couples sont en rangs, face à face et s'échangent à 2m de distance une balle de tennis sans interruption.
La moto permet de pénétrer dans des villages, et l'on admire la vue. La région est peu peuplée, les montagnes sont recouvertes d'une végétation dense, avec peu de place pour les rizières en terrasses.
De retour à l'auberge, nous regardons un documentaire sur la 'secret war', un film qui fait droit dans le dos et nous glace les os...
Nous en apprenons un peu plus sur cette atroce période. Lors de la guerre du Vietnam, les américains redoutèrent l'avancée du communisme par les viets du nord. Avec l'aide des thaïlandais, ils investirent la région de Xieng Khuang entre autres, et embrigadèrent les hommes Hmongs pour le combat. On y construit une base militaire, 2ème plus grosse ville du pays. Une compagnie privée Air America sous couvert de mission humanitaire appui la CIA et sa 'secret war'. On transporte aussi l'opium et l'héroïne au retour, pour financer cette guerre. À cette période il y'a plus d'héroïnomanes parmi les soldats au Vietnam que dans tous les état-unis. Par la meme occasion ils bombardent le Laos, comme jamais un pays n'a été bombardé jusqu'à ce jour. Premièrement pour tester leurs armements, ensuite pour arrêter les viets et dans certains cas seulement pour vider les bombes qui n'étaient pas tombées au Vietnam et qu'il était interdit de ramener en Thaïlande... Des putains de sous-munitions: une bombe contenant des centaines de genre de grenades à fragmentations dont 30% n'a jamais explosé. Peut etre pire que les mines anti-personnels. 3 millions de tonnes de bombes pendant 10 ans. Un bombardement toutes les 8 minutes. Ces 'bombies' grosses comme une balle de tennis, ressemblants à des fruits font des victimes tous les jours parmi les enfants ou les paysans, malgré toute la prévention, les précautions, et les opérations de déminage... Internet en apprend beaucoup aussi sur le sujet.
La soirée sera tout de même égayée par le proprio de la guesthouse qui a d'autres histoires beaucoup plus sympathiques, ainsi que mamie soufflette l'australienne, un allemand de Bavière, et un canadien, tous beaucoup plus âgés que nous.
 
 
 

2 commentaires:

  1. que viennent faire ces images en Bavière
    laissez les au Laos elles n'ont strictement rien a faire en Bavière
    et j'ai visité la Plaine des jarres bien avant vous

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