Terelj

04.10.2012
Pour se rendre au parc de Terelj, un bus part du centre ville à 11h selon le guide. Nous nous y rendons à l'avance et rencontrons une jeune mongole de 25 ans, guide pour l'auberge golden Gobi heureuse de pouvoir exercer son allemand et son anglais de bon niveau. Elle demande à un chauffeur si notre bus passe bien à 11h, la saison touristique étant terminée, il faut attendre 16h. Nous adaptons l'itinéraire, montons avec elle dans un car pour Nalaïkh, petite ville à une heure d'UB où l'on peut prendre une correspondance pour Terelj. Les minibus ne partent que lorsqu'ils sont pleins et le premier nous passe sous le nez: 2h à tuer. Sur le trottoir nous commençons l'écriture des cartes postales, encore une fois nous sommes marqués par l'attention des habitants. Une vielle dame s'agenouille pour nous embrasser sur la joue, une autre nous offre des pignons de pin, dont les mongols raffolent en cette saison. Ils sont vendus dans leurs coquilles à tous les coins de rue dans des poches. A 14 heure le minibus arrive et c'est entassés à 25 avec nos sacs sur les genoux que nous prenons la petite route de montagne. Heureusement le trajet est court et la piste en bon état.
À 15h après être passés devant le rocher de la tortue, nous débarquons dans le village et prenons la route à pied. Le coin est hyper touristique, la route étant bordée de camp de yourte pour voyageurs. On se croirait dans le far west, les hommes arrivent à cheval, l'accrochent à un poteau et s'en vont faire les courses à l'épicerie. Nous voulons poser nos sacs dans un camp de yourte pour voyager plus légers.
1 à 2 km à la sortie du bled quelques voitures, une tente 2secondes attirent notre attention. Pensant à des touristes, nous allons à leur rencontre, il s'avère qu'une vingtaine de mongols se sont réunis pour une cérémonie chaman. En moins de 30 min, ils assemblent leur yourte. Yoann participe au montage. Nous leur demandons l'autorisation de rester pour la nuit, ils nous aident à leur tour pour monter notre yourte North Face. Le campement est délimité par des piquets en bois décorés de tissus bleu reliés par une ficelle rouge. Le bleu est la couleur du dieu du ciel. l'endroit n'est pas choisi par hasard, il s'y trouve un Ovoo, amoncellement de pierres également décoré de tissus bleu. On y fait des offrandes.
Les hommes vont chercher du bois, Yoann est aussi de corvée. Pour cela il faut traverser un petit marécage, l'aller se fait sans encombre mais le retour chargé de branches procure le bonheur d'avoir les pieds mouillés pour le reste de la soirée. Il ne faut pas passer sous la ficelle rouge mais quelqu'un doit la détacher pour passer entre les piquets. Nous alimentons le feu de bois extérieur puis nous dirigeons vers la yourte. On n'y rentre pas comme ça, il faut d'abord se purifier avec la fumée de brindilles de thym, sur le torse et sous les aisselles.
À l'intérieur tout le monde se tasse et chacun a sa tâche. Des costumes chamanes et des tambours hexagonaux faits en peaux de chèvre sont accrochés aux murs. Fraîchement préparés, les derniers poils restants sont brulés au chalumeau et directement sur le feu.
L'un des hommes, à fière allure, a endossé une tenue de soie marron. Il enfile au dessus un costume chamane magnifique: c'est un long manteau décoré de centaines de tresses de cuir de mouton. 3 serpents en tissus remontent jusqu'à ses épaules et sa nuque, des dizaines de clochettes accrochées un peu de partout retentissent à chacun de ses mouvements. Sur les hanches sont accrochées des peaux de marmottes. Il porte aussi des écussons en laiton à signification chamanique dont certain ressemble à des croix gammées. Ses yeux sont bandés d'un foulard bleu et le visage caché par de longues tresses noires. Il enfile ensuite la coiffe traditionnelle mongole, surmontée d'un Pic au centre de la tête, de 2 yeux sur le front et ornée de plumes d'aigle. Il est assis devant un autel au fond de la yourte, recouvert d'offrandes posées dans des petites coupelles: vodka, lait, cacahuètes, osselets, lampes à huile, rangées de manière précise et ordonnée. Il y a 6 autres autels disposés le long des murs, ainsi qu'une quinzaine de bouteilles de vodka. Il commence à jouer du tambour et à chanter. Un autre homme lui offre une cigarette au bout d'une pipe et des verres de vodka qu'il recrache et jette en l'air le plus souvent.
Nous sommes conviés à sortir de la yourte, en marche arrière pour respecter les traditions. À l'extérieur, le chamane assis sur un tabouret, entouré de quelques hommes recommence à jouer du tambour. Accélérant le rythme et rentrant dans une sorte de transe, on lui retire le tabouret et il se met à tourner sur lui-même, faisant virevolter les tresses de son costume, jusqu'à ce qu'il s'arrête d'un coup, la tête penchée en avant et le tambour dans son dos. On lui emmène alors un coussin pour qu'il puisse s'assoir. À ce moment là, sa voix a changé et devient celle d'un vieillard et nous fait penser à des grognements d'animaux. Plus haut sur la butte, un troupeau de vache beugle et rajoute une part mystique à cette cérémonie. Nous voilà transportés dans un autre monde!
Plusieurs hommes s'agenouillent tour à tour devant lui, il leurs fouette le dos et caresse leurs têtes. Nous restons ébahis, curieux et nous faisons tout petits... La nuit est tombée, il fait froid et nous nous tenons près du feu. 3 hommes font le tour du campement et jette en l'air de la vodka et du lait. Nous découvrirons le lendemain que même notre tente a été baptisée. Ils revêtissent ensuite un costume chamane, chacun avec une couleur dominante différente: vert, jaune et rouge. Ils reprennent le même rituel: tambour, danse en transe,vodka et voix transformée. Les autres mongols s'affairent à rajouter des tissus bleus à la ˋbarriere protectrice ´ puis les arrosent de lait et de vodka. C'est au tour d'une jeune fille de 19 ans, Uyanga, de revêtir une tenue blanche après avoir été ´bénie ´ par les 4 autres chamanes. Le chef, Yalettre, ayant fini sa besogne, nous rejoint près du feu et nous donne quelques explications sur la cérémonie. il est professeur chamane et ils célèbrent aujourd'hui l'initiation chamane de la jeune fille. Uyanga reproduit danses et jeux de tambours, entrant plusieurs fois en transe. Les yeux bandés, elle tombera plusieurs fois et se relèvera pour recommencer encore et encore.
2ème mission bois pour Yoann dans le noir, qui n'a pas les pieds assez mouillés.
Le groupe se retrouve autour du feu, Uyanga est agenouillée, entourée des chamanes. Dieu a envahi son corps, elle reçoit désormais les esprits de 1000 générations d'ancêtres. Elle crie, chante et joue du tambour.
Yalettre rougit la lame de son poignard dans le feu, boit un verre de vodka, se brûle la langue avec les 2 faces de la lame puis reboit de la vodka. Il dit que c'est maintenant à notre tour mais nous restons assez septiques... Nous avons quand même le droit à quelques verres de vodka, et nous mangeons une braise encore bien rouge pour recevoir l'énergie du feu. Les chamanes reprennent leur danse au rythme des tambours et nous apprenons que la cérémonie durera toute la nuit. Assistants depuis 4 h à ce spectacle et frigorifiés, nous nous replions discrètement dans notre tente. Nous avons eu le droit de faire seulement 3 photos durant la soirée.
La construction de la yourte en 30min chrono
 
 
Ovoo, lieu sacré
 
Transe d'Uyanga
 
Yalettre, maître chamane
 
Cérémonie chamane
 

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