13.04.2013
Pendant la nuit, le manque d'oxygène s'est fait ressentir. Vivement qu'on s'habitue. Nous nous levons tôt et après un petit déjeuner costaud au marché, nous rejoignons le guide pour la visite des mines. Un groupe de 7 personnes montent dans le minivan jusqu'au marché des mineurs, où nous achetons quelques matières premières qui leur tiennent aux cœurs une fois sous terre: des feuilles de coca, l'activateur qui sert à accélérer ces effets, des cigarettes, de la dynamite, de l'alcool à 96°, et un jus de fruit! Que du bon pour la santé! Les mineurs ne mangent pas lorsqu'ils sont sous terre car les métaux lourds et les vapeurs s'imprégneraient dans la nourriture, qui ensuite ingurgités, iraient rapidement s'accumuler dans les reins. Du coup, ils ne mangent pas pendant 24h, le temps de leur travail, et la coca les tient éveillés et coupent l'appétit.
Nous montons en voiture dans la montagne qui surplombe la ville à 4800m d'altitude, qui est rongée par les tunnels depuis 500 ans. Elle aurait diminuer de 400m d'altitude depuis! Notre guide nous conseille de prendre de la coca, nous voilà donc, les 7 touristes, avec la boule de feuilles dans la bouche, habillés en blouse, chaussés de bottes, et munis de casques, près à rentrer dans le labyrinthe de tunnels.
Le début est bien fabriqué en briques, car cette partie appartenait au conquistador. Ensuite, ce n'est qu'un dédale de sous-terrains, où il faut se baisser pour passer. Autant dire que le casque nous sauvera le crâne une bonne dizaine de fois. Les murs sont rongés par des galeries, où les veines de métaux font la fortune de certains mineurs: argent, plomb, zinc, pierrite aux couleurs incroyables: jaune, bleu, rouge, vert... Le sol est parfois recouvert de flaques d'eau toutes aussi multicolores, et nous sommes heureux d'avoir des bottes étanches pour patauger la dedans. L'odeur de l'air est spéciale et rappelle à Laure ses TP de chimie minérale. Il est fortement déconseillé de toucher les murs et les stalactites d'acides qui descendent du plafond.
Nous rencontrons quelques mineurs, bien que le samedi soit souvent un jour de repos pour eux, où ils vont jouer au foot et rendre visite à leur famille. Nous leur distribuons les 'cadeaux' et eux nous expliquent leur condition de vie plus que difficile. Désolé Guillaume, tu as perdu à nos yeux le statut du plus courageux des travailleurs! Au début, ils commencent à bosser pour quelqu'un et se font bien exploiter. La seconde année, ils touchent 50% de ce qu'ils sortent des mines. La qualité compte autant que la quantité, donc les mineurs ne lésinent pas sur les heures de boulot. Ils enchaînent souvent 24h, voir 48h sous terre. La troisième année, ils peuvent acheter un filon, un coin dans la mine qu'ils pensent plein de richesse. Donc ils s'endettent à crédit pour jouer un peu à la loterie. Si la veine est bonne, ils pourront s'arrêter de bosser après quelques années et vivre correctement. Sinon, ils devront continuer à trimer.
L'année dernière, la mine déclare 12 morts, dont 4 par accidents de dynamites, le reste de problèmes de santé liés aux gaz, à la poussière et aux métaux lourds.
Nous passons par la mine gouvernementale qui n'a fait qu'un temps. Les mineurs étaient bien payés, nourris, logés, mais la corruption a fait qu'il y avait plus de profiteurs à l'extérieur de la mine que dans les tunnels et causé sa perte. Aujourd'hui la mine appartient aux mineurs et leurs coopératives.
Nous croisons plus tard dans un renfoncement le Tio. Un dieu ressemblant à un diable que les mineurs viennent prier de leur offrir des bons filons pleins de minerais purs. Une fois par mois, ils viennent le remercier en lui offrant coca, cigarettes et alcool pur. Nous goutons par deux fois au doux breuvage à 96°, une fois pou Tio, la deuxième pour la Pachamama, la déesse de la terre mère. Toujours la dualité, 2 dieux, 2 yeux, 2 bras, etc... Nous remontons par le biais de plusieurs échelles en bois à travers un puits, puis traversons une partie très basse tous recroquevillés pour retrouver la lumière du jour après 3h de ballade. Nous n'avons pas distribué la dynamite alors le guide prépare de quoi faire tout sauter en ajoutant un autre explosif autour de la dynamite mise en boule, le tout bien serré dans un sac plastique et le détonateur au milieu. Il allume la mèche devant nous et commence à déconner, l'explosif entre les dents. Puis il s'éloigne en courant, danse autour de la bombe, fait quelques pompes, passe un coup de fil avant de détaler. La détonation est la plus forte que nous n'avons jamais entendu.
Nous rentrons déposer notre équipement. Puis en ville nous achetons un quart de poulet pour le repas. L'après midi se passe tranquille et nous ressortons la nuit tombée pour manger une pizza au feu de bois excellente. Les rues sont animées, une fanfare défile et nous nous couchons pleins de fortes émotions vécues dans les mines.
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L'attirail du mineur, dynamite, coca, alcool ect... |
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La mine 4800m |
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Tio |
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Dynamite!!! |